La Maladie du charbon, biologie et signes cliniques, prévention et traitement

Elle est au cœur des préoccupations de chacun d’entre nous ces derniers jours. www.biotribune.com a voulu vous apporter des informations complémentaires à toutes celles qui, dans les médias, évoquent les risques de contamination par le bacille du charbon.

Dr Philippe Zloczewsk

Propionibacterium acnes : agent responsable des sciatiques par infection discale.

Les lombalgies et les sciatiques sont à l’origine de nombreuses consultations médicales mais leur nature reste inexpliquée. Des concentrations importantes d’immunoglobulines ont été observées chez des patients atteints de sciatiques. Les radiculites discales sont associées à un phénomène inflammatoire avec présence de cytokines et d’interleukines-1alpha. Cette inflammation pourrait avoir une origine microbienne.

Une étude britannique a été menée chez 140 patients atteints de sciatiques avec des signes cliniques patents. Un test Elisa a permis de rechercher la présence de bactéries gram positif (staphylocoque coagulase négatif et propionibacterium acnes) par l’intermédiaire d’un antigène extra cellulaire, le Lipide S.
Le test s’est avéré positif chez 31 % de ces patients.
Dans un deuxième temps, des échantillons de disques intervertébraux de 36 patients atteints de radiculite discale avec discectomie ont été mis en culture. 53 % des cultures se sont avérées positives après 7 jours d’incubation. Propionibacterium acnes a été retrouvé dans 84 % des cas.
En revanche, ce germe n’a été retrouvé dans aucun des tissus discaux provenant de patients contrôles (lombalgies dues à des scolioses, traumatismes, myélomes ou maladies discales dégénératives).
Propionibacterium acnes semble donc être à l’origine d’infections chroniques latentes des disques intervertébraux ayant été lésés suite à un microtraumatisme local, et provoquer ainsi des symptômes de sciatiques. Cette bactérie semble avoir un rôle primordial et ne doit donc plus être considérée comme un contaminant lorsqu’on la retrouve dans la culture des tissus impliqués dans cette pathologie.


Posté le 12/02/2007 par latrache

Gènes de prédisposition au diabète de type 1

Le diabète de type 1 est certainement la maladie multifactorielle pour laquelle la génétique s’est profondément modifiée au cours de ces dernières années, dans ses concepts et dans ses résultats. L’existence de la composante génétique de susceptibilité au diabète de type 1 est démontrée par plusieurs arguments : lorsqu’un jumeau est diabétique de type 1, son vrai jumeau le devient aussi dans 30 à 40% des cas ; fréquence des cas familiaux (le diabète y est environ 20 fois plus fréquent que dans la population générale).

La découverte récente de marqueurs couvrant l’ensemble du génome, conséquence direct du séquençage du génome humain a transformé l’approche génétique. De la recherche de polymorphismes ou de mutations de gènes candidats en rapport avec la physiopathologie de la maladie, les généticiens recherchent à présent des polymorphismes associés à la maladie, en dehors de toute hypothèse physiopathologique, par l’étude systématique du génome. Deux localisations géniques sont connues pour leur association à la maladie : la région HLA du complexe majeur d’histocompatibilité (CMH) et la région du gène de l’insuline. Les années 1990 ont vu la mise en évidence d’autres localisations.Rôle de HLA (IDDM1) dans la susceptibilité génétique

Le complexe majeur d’histocompatibilité (CMH) est la région génique qui fournit le lod score le plus élevé, aux alentours de 7. Dans cette région, sont localisés de nombreux gènes, en particulier les gènes HLA. La participation prédominante du CMH dans la prédisposition au diabète de type 1 a été démontrée dans les années 70 [1]. Dans plus de 90% des cas, les diabétiques de type 1 sont DR3 et/ou DR4 et, à une moindre fréquence, DR1 ou DR8. Les hétérozygotes DR3/DR4 ont un risque accru de diabète témoignant d’un effet synergique des deux haplotypes. Ces associations caractérisent les Caucasiens et ne sont pas retrouvées chez les Noirs dont la susceptibilité au diabète de type 1 est associée à DR7 et DR9, ni chez les japonais (DR4 et DR9). Considérons les différents loci présents sur le même haplotype, il apparaît que DQ (en fort déséquilibre de liaison avec DR) soit plus particulièrement impliqué.

Les techniques de biologie moléculaire ont permis de mieux définir les différents allèles DQ, distinguant les allèles dits de susceptibilité et de non susceptibilité. En 1987, Tood [2] propose une hypothèse mécanistique pour expliquer l’association préférentielle de certains allèles du locus DQ au diabète de type 1. Selon cette théorie, la responsabilité des différentes associations incombe en fait à l’acide aminé en position 57 de la chaîne DQb. Les molécules DQb portant un acide aspartique à cette position ont un effet neutre ou protecteur sur le risque de diabète. Les molécules DQb portant un autre acide aminé, tel que alanine, valine ou sérine prédisposent à la maladie. Cette hypothèse est renforcée par la démonstration que chez la souris NOD, l’allèle du locus équivalent, le locus I-A, code en cette même position 57 pour un résidu sérine, alors que les souches communes de souris codent en cette position pour un résidu aspartate. Mais, cette théorie semble aujourd’hui trop simpliste et réductrice. En effet, elle n’explique ni l’effet hétérozygote DR3/DR4, ni les associations observées chez les japonais diabétiques qui ont un aspartate en position DQb57, ni les risques différents pour des allèles ayant le même acide aminé en DQb57. D’autre part, les modèles de souris transgéniques ont montré que la présence en position 57 d’un résidu neutre ne suffit pas à créer une susceptibilité au diabète.
Perspectives de dépistage et de prévention

La question du dépistage se pose à la fois au niveau individuel et à celui de la population. Au niveau individuel la demande est celle des familles au sein desquelles la présence d’un ou plusieurs sujets atteints du diabète de type 1 conduit à consulter. Le dépistage est possible. Le phénotype HLA permet, chez 25% des sujets, d’exclure un risque sur l’absence d’haplotype HLA commun avec le ou les sujets atteints. Le phénotype HLA-DR suffit dans ce contexte. Par contre, chez les autres sujets, le risque est déterminé par la recherche des autoanticorps. A l’échelle de la population, le dépistage repose en première intention sur la recherche des autoanticorps. Le risque sera précisé, chez les sujets ayant des anticorps, par le phénotype HLA de classe II, DR et DQ.
Conclusion

Les années 1990 ont été celles de la transformation de la génétique du diabète de type 1. Mais il reste beaucoup de travail à effectuer pour affiner la cartographie des régions de susceptibilité et plusieurs années seront nécessaires avant de savoir quels sont les gènes directement impliqués. On devrait assister à un démembrement de plusieurs maladies de même phénotype, caractérisée chacune par un génotype particulier, fait d’une combinaison caractéristique d’allèles à plusieurs loci, chaque famille de diabétique ayant éventuellement une combinaison propre de gène de susceptibilité. Ces résultats devraient aider considérable à la compréhension de la physiopathologie de la maladie, préalable à une éventuelle prévention. Mais il n’est pas certain, compte tenu de la complexité de cette génétique et dans l’hypothèse que le « terrain génétique » est variable d’une famille à l’autre, que le dépistage du risque génétique s’en trouve facilité dans un avenir proche.

Posté le 12/02/2007 par latrache Source : Par Jean Claude ONGAGNA (Biotribune)

Hémoglobine glyquée. Aspects pratiques

Les études de référence comme le DCCT (Diabetes Control and Complications Trial) et l’UKPDS (UK Prospective Diabetes Study) ont clairement montré une corrélation entre le contrôle glycémique, évalué par l’HbA1c, et le développement des complications vasculaires surtout micro mais également macrovasculaires du diabète.

Un bon contrôle glycémique attesté par ce paramètre, permet de prévenir ou de ralentir ces complications. A partir des résultats de ces études, des objectifs thérapeutiques et des recommandations de suivi des diabétiques ont été élaborés sur la base de l’HbA1c. Cependant, l’utilisation de cet «étalon d’or» du suivi des diabétiques demeure problématique dans la pratique clinique, en raison de sa variabilité analytique, biologique et clinique. Pour palier à cela, des consensus et des recommandations de dosage et d’interprétation de l’HbA1c ont été élaborés.

L’atelier ‘’Hémoglobine glyquée. Aspects pratiques’’ du 2ème workshop de la SMA (Société Marocaine d’Athérosclérose) semble avoir atteint une partie des objectifs qu’il s’était assigné concernant la sensibilisation des différents acteurs impliqués dans le dosage et l’interprétation de ce paramètre (biologistes et cliniciens) vis-à-vis de la nécessité du respect de ces recommandations internationales, lesquelles sont résumées ci-dessous :

– Selon le niveau d’équilibre du patient, l’HbA1c doit être dosée 2 à 4 fois par an.
– La méthode utilisée doit permettre de rendre un résultat en HbA1c, tout en privilégiant les méthodes qui dosent directement l’ HbA1c.
– La méthode d’évaluation de l’ HbA1c doit être standardisée par rapport au NGSP ou à l’IFCC.
– La méthode doit être performante (répétabilité < 3%, reproductibilité < 5%).
– Le résultat doit être exprimé en HbA1c et les interférences possibles doivent être mentionnées.
– Les objectifs thérapeutiques sont (selon l’ADA) : HbA1c < 7%, avec une individualisation dans certains cas particuliers.
– Les seuils d’intervention thérapeutique sont classiquement fixés à 8%, mais une intervention est souhaitable entre 7 et 8%*.
* : Cette dernière recommandation a été entre-temps modifié avec un seuil d’intervention thérapeutique à 7%

Posté le 12/02/2007 par latrache Source : http://www.smamaroc.com

Résumés bibliographiques

1- Facteurs de risque coronariens chez les patients avec un C-HDL élevé
Risk factors for coronary artery disease in patients with elevated high-density lipoprotein cholesterol
DeFaria Yeh D et al
Am J Cardiol. 2007;99(1):1-4

Dans une étude monocentrique, les auteurs ont comparé la prévalence des facteurs de risque coronarien traditionnels chez des patients présentant une maladie coronaire (MC) et un C-HDL plasmatique élevé (? 70 mg/dl, Femmes : ? 80 mg/dl) et ceux avec une MC et un C-HDL normal (Hommes : 40 à 60 mg/dl, Femmes : 50 à 70 mg/dl). Les résultats ont montré que les patients avec MC et un C-HDL élevé ont un âge similaire (71.1 vs 69.6 ans, p = 0.23), une prévalence de l’HTA (78.6% vs 88.7%, p = 0.30) et du diabète (28.6% vs 38.4%, p = 0.05) similaires ainsi que des niveaux plasmatiques de C-LDL (85.3 vs 90.9 mg/dl, p = 0.04) et TG (87.1 vs 141.2 mg/dl, p <0.01) bas, comparés à ceux qui ont un C-HDL normal. Les modèles de régression montrent que les patients avec MC et C-HDL élevé présentent moins de diabète (OR ajusté 0.60) et d’obésité (OR ajusté 0.50).
Les auteurs concluent que pour les patients avec MC, ceux ayant un C-HDL normal ou élevé présentent une prévalence des facteurs de risque traditionnels similaires ou plus faible chez les derniers.
2- Glutamyl gamma transférase et syndrome métabolique, maladie cardiovasculaire et risque de mortalité : Etude Framigham
Gamma glutamyl transferase and metabolic syndrome, cardiovascular disease, and mortality risk: the Framingham Heart Study.
Lee DS et al.
Arterioscler Thromb Vasc Biol. 2007 Jan;27(1):127-33

La relation entre le glutamyl gamma transférase (GGT) et les facteurs de risque cardiovasculaires ainsi que la détermination prospective du risque d’apparition de nouveaux cas de syndrome métabolique, d’incidents cardiovasculaires et de mortalité ont été analysées chez 3451 participants de l’étude Framingham. Il a été observé une association positive entre le CGT avec le BMI, la pression artérielle, le LDL-C, les TG et la glycémie (p<005). Aussi, le risque de développer un syndrome métabolique a été associé avec un taux de GGT élevé. Ajusté aux différents facteurs de risque cardiovasculaires traditionnels et un taux de CRP de base, les individus ayant un GGT appartenant au quartile supérieur ont présenté une augmentation de 67% dans l’incidence des maladies cardiovasculaires. Les auteurs concluent ainsi qu’une augmentation de GGT pourrait constitué un facteur de risque prédictif du risque métabolique et cardiovasculaire.
3- Effets anti-inflammatoires et anti-oxydants postprandiaux de l’huile d’olive extra vierge
Postprandial anti-inflammatory and antioxidant effects of extra virgin olive oil.
Bogani P et al.
Atherosclerosis. 2007;190(1):181-6

Les auteurs ont analysé les marqueurs inflammatoires (TXB2 et LTB4), ceux du stress oxydatif (hydrogène peroxyde urinaire et la capacité antioxydante du sérum) ainsi que les paramètre lipidiques classiques, suite à une étude d’intervention avec différentes huiles à trois bras sur des sujets sains et normolipidiques : Huile d’olive extra vierge (HOEV), Huile d’olive (HO) ou l’huile de maïs (HM). Les différents paramètres ont été analysés après 1, 2 et 6 h après chaque repas. Il a été observé pour le bras HOEV, une baisse significative des marqueurs de l’inflammation accompagnée d’une augmentation de la capacité antioxydante du sérum, après 2 à 6h. Ces résultats sont en accord avec les effets protecteurs de la diète méditerranéenne, en partie dus aux composants phénoliques de l’HOEV.
4- Anticoagulant oral comparé à la combinaison aspirine/anticoagulant oral : méta-analyse
Combined aspirin-oral anticoagulant therapy compared with oral anticoagulant therapy alone among patients at risk for cardiovascular disease: a meta-analysis of randomized trials.
Arch Intern Med. 2007 Jan 22;167(2):117-24
Dentali F, Douketis et al.

La méta-analyse a inclus 10 études randomisés et contrôlés (4180 patients) comparant 2 stratégies thérapeutiques : combinaison aspirine/anticoagulant oral (A/ACO) et anticoagulant oral seul (ACO), et dans lesquelles l’ACO a été administré pour atteindre la même cible thérapeutique ou encore il a été donné à la même dose dans les deux bras. L’analyse a montré qu’il n’y a pas de différence entre les deux bras en ce qui concerne le taux de mortalité (toute cause confondue). Quant au risque d’une thrombose artérielle, il est plus faible chez les patients A/ACO que ceux ACO (OR, 0.66), avec néanmoins un bénéfice restreint chez les patients avec mechanical heart valve (OR, 0.27) et pas de différence significative chez ceux avec une fibrillation artérielle (OR, 0.99) ou une maladie coronaire artérielle (OR, 0.69). Concernant le risque d’hémorragie majeure, il est plus élevé dans le cas A/ACO.
5- Les statines ralentissent la progression de la sténose aortique.
Rosuvastatin affecting aortic valve endothelium to slow the progression of aortic stenosis.
Moura LM et al.
J Am Coll Cardiol 2007; 49:554-561

121 patients asymptomatiques avec une sténose aortique modérée à sévère, dont 61 avec un taux de C-LDL > 130 mg/dl et sous rosuvastatine ont été inclus dans l’étude RAAVE (Rosuvastatin Affecting Aortic Valve Endothelium). Après 18 mois de suivi, les patients sous rosuvastatine ont montré une réduction de progression de sténose, incluant des changements dans l’aire de da valve aortique, comparés à ceux n’ayant pas reçu de traitement hypolipémiant.
6- Epaisseur intima-média et prédiction des événements cardiovasculaires
Prediction of clinical cardiovascular events with carotid intima-media thickness a systematic review and meta-analysis.
Lorenz MW et al.
Circulation 2007; 115:459-467
Les auteurs ont analyse 8 études rapportant la mesure de l’épaisseur de l’intima-média (EIM), avec un total de 37 197 individus qui ont été suivi durant une moyenne de 5.5 ans. Les résultats ont montré qu’après ajustement avec l’âge et le sexe, une augmentation de l’EIM est associée avec l’augmentation du risque aussi bien d’infarctus de myocarde que d’accident vasculaire cérébral.

7- Le lait supprime les effets protecto-vasculaires du thé
Addition of milk prevents vascular protective effects of tea
M. Lorenz et al.
Eur Heart J. 2007 Jan;28(2):219-23

Des études expérimentales montrent que le thé induit une vasorelaxation aortique et augmente l’activité de la NOS endothéliale par phosphorylation de ces dernières dans les cellules endothéliales. L’addition du lait au thé change ces actions protecto-vasculaires, notamment par l’action de la caséine qui forme probablement des complexes avec la catéchine du thé.
Les auteurs soulignent l’attention particulière à émettre dans l’interprétation et le design des études incluant les flavonoïdes nutritionnels.

Posté le 02/03/2007 par latrache