Surveillance de la résistance aux antibiotiques

Il est recommandé de mettre en place une surveillance systématique de la résistance aux antibiotiques. Cette surveillance a pour objectifs :

1. d’aider à guider les choix thérapeutiques individuels,
2. d’aider à définir les protocoles d’antibiothérapie de première intention correspondant à des situations médicales et épidémiologiques bien définies, notamment dans les traitements dits probabilistes (ou présomptifs),

3. de guider et étayer les enquêtes menées lors d’épisodes de cas groupés d’infections, l’antibiotype des bactéries isolées pouvant servir de marqueur épidémiologique,
4. d’aider à distinguer les souches bactériennes responsables d’infections nosocomiales de celles qui sont responsables d’infections acquises dans la collectivité ; certaines résistances peuvent en effet être considérées comme de véritables marqueurs d’une acquisition hospitalière : résistance à la méticilline chez Staphylococcus aureus, production de b-lactamase à spectre étendu ou résistance à certains aminosides (gentamicine, tobramycine) chez Escherichia coli, Proteus mirabilis et Klebsiella spp,
5. d’identifier les bactéries multirésistantes (BMR) définies par un phénotype associant des résistances à plusieurs antibiotiques et pouvant compromettre les possibilités thérapeutiques (résistance à la méticilline chez S. aureus, résistance aux glycopeptides chez Enterococcus spp., production de b-lactamase à spectre étendu chez les entérobactéries, résistance à la ticarcilline et/ou ceftazidime, et/ou imipénème chez Pseudomonas aeruginosa, Acinetobacter spp., etc.) ; l’identification d’une transmission croisée de ces BMR doit faire prendre des mesures pour prévenir leur diffusion épidémique dans l’hôpital et vers d’autres hôpitaux. La fréquence des acquisitions de BMR dans un service clinique ou dans un hôpital doit être considérée comme un marqueur de la qualité de l’organisation des soins,
6. de détecter l’émergence de nouveaux caractères de résistance chez des bactéries responsables d’infections nosocomiales : des mesures appropriées doivent alors être rapidement mises en place, concernant l’hygiène et l’utilisation des antibiotiques (par exemple, réévaluation des protocoles d’antibiothérapie curative et prophylactique).

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Etant donné le nombre très important d’informations à recueillir et à traiter, l’informatisation des données bactériologiques est une condition sine qua non pour la mise en place d’une surveillance épidémiologique efficace de la résistance des bactéries aux antibiotiques. L’outil informatique doit permettre de colliger les résultats concernant chaque souche bactérienne isolée en les classant par patient (intérêt de disposer de dossiers patients « chronologiques »). Les souches bactériennes de même espèce (éventuellement de même biotype/sérotype) et de même antibiotype et isolées d’une manière répétitive chez un même patient doivent être reconnues et indexées pour ne pas fausser les résultats de la surveillance épidémiologique. La reconnaissance de ces « doublons épidémiologiques », ainsi que leur prise en compte en fonction de la question épidémiologique posée, impliquent de disposer d’un outil informatique adapté. C’est pourquoi une attention toute particulière doit être portée à ce problème dans les projets d’informatisation des données bactériologiques.

Chaque résultat bactériologique (nature du prélèvement, identification du micro-organisme, antibiogramme) doit être saisi :

* avec au moins les informations suivantes :
o date d’hospitalisation du patient et date du prélèvement pour faciliter la différenciation entre infections communautaires et infections nosocomiales,
o critères permettant de différencier infection, colonisation et souillure : cytologie, résultats de l’examen microscopique, résultats quantitatifs des cultures et autres critères biologiques d’infection,
o service d’hospitalisation du patient ainsi que son éventuel circuit à l’intérieur de l’hôpital pour aider à surveiller la diffusion des souches résistantes,
o conclusion épidémiologique : infection nosocomiale (acquise au cours de la présente hospitalisation ou au cours d’une hospitalisation précédente) ou infection communautaire.
* et, si possible, les principales informations cliniques (diagnostic principal d’entrée) et thérapeutiques (antécédents d’antibiothérapie, d’actes ou gestes invasifs, d’hospitalisation…).

D’autres informations d’activité hospitalière (voir tableau I §17) permettent de calculer des taux de prévalence et d’incidence (voir § 32-33) très utiles pour interpréter les données sur la résistance bactérienne. Dans les recommandations de bon usage des antibiotiques à l’hôpital, des exemples de taux sont présentés pour S. aureus résistant à la méticilline (SARM) (voir annexe 6).

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La technique de mesure de la sensibilité aux antibiotiques doit être standardisée pour permettre des comparaisons inter-laboratoires (recommandations de la Société Française de Microbiologie). De nouveaux dispositifs permettent une lecture automatisée des antibiogrammes. Ils fonctionnent avec des logiciels capables d’assurer certaines des fonctions énoncées plus haut et peuvent être connectés en réseaux pour réaliser une surveillance élargie à plusieurs hôpitaux.

La lecture des résultats des tests de sensibilité doit prendre en compte simultanément les différents antibiotiques testés. Ceci permet de définir pour chaque souche son profil, ou phénotype de résistance, qui constitue un marqueur épidémiologique précieux.

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Pour l’étude de la sensibilité aux antibiotiques des bactéries isolées, qu’elles soient réputées hospitalières ou non, le choix des antibiotiques à tester comporte les produits utilisés dans le traitement de première intention des infections dont elles sont responsables ainsi que ceux qui permettent d’identifier des phénotypes de résistance et qui constituent des marqueurs épidémiologiques. Les tableaux II et III donnent respectivement la liste, à titre indicatif, des antibiotiques utiles à tester pour les bactéries à Gram positif et à Gram négatif.
Tableau II Antibiotiques actifs vis-à-vis des bactéries à Gram positif, et utiles à tester dans le cadre de la surveillance épidémiologique de la résistance à l’hôpital.

espèces bactériennes
antibiotiques à tester

Staphylococcus spp.
pénicilline, méticilline,
streptomycine, kanamycine, néomycine, gentamicine, tobramycine,
chloramphénicol, tétracycline,
sulfamides, triméthoprime,
érythromycine, lincomycine, pristinamycine,
rifampicine, acide fusidique, fosfomycine,
fluoroquinolones,
vancomycine, teicoplanine

Streptococcus spp.
ampicilline,
streptomycine (500 µg), kanamycine (1000 µg), gentamicine (500 µg),
chloramphénicol, tétracycline,
sulfamides, triméthoprime,
érythromycine, rifampicine,
vancomycine, teicoplanine
Tableau III Antibiotiques actifs vis-à-vis des bactéries à Gram négatif, et utiles à tester dans le cadre de la surveillance épidémiologique de la résistance à l’hôpital.

espèces bactériennes
antibiotiques à tester

Escherichia coli
Proteus mirabilis
Klebsiella
pneumoniae
Klebsiella oxytoca
amoxicilline, amoxicilline + acide clavulanique,
ticarcilline, céfalotine, céfoxitine,
céfotaxime, ceftazidime, aztréonam (recherche de synergie entre ces 3 antibiotiques et l’acide clavulanique),
streptomycine, kanamycine, néomycine,
gentamicine, tobramycine, nétilmicine, amikacine,
chloramphénicol, tétracycline,
sulfamides, triméthoprime,
quinolones classiques, fluoroquinolones

Enterobacter spp.
Serratia spp.
et autres
entérobactéries
ticarcilline, ticarcilline + acide clavulanique,
céfotaxime, ceftazidime, aztréonam, (recherche de synergie entre ces 3 antibiotiques et l’acide clavulanique),
moxalactam,
streptomycine, kanamycine, néomycine,
gentamicine, tobramycine, nétilmicine, amikacine,
chloramphénicol, tétracycline,
sulfamides, triméthoprime,
quinolones classiques, fluoroquinolones

Pseudomonas
aeruginosa
Acinetobacter spp.
ticarcilline, ticarcilline + acide clavulanique,
ceftazidime, imipénème,
gentamicine, tobramycine, nétilmicine, amikacine,
sulfamides,
fluoroquinolones,
fosfomycine

Posté le 19/04/2007 par latrache

La procalcitonine meilleur marqueur d’infection systémique que la protéine C réactive

Quel marqueur utiliser pour détecter les infections systémiques à l’arrivée des patients au service d’accueil des urgences ? La protéine C réactive (CRP), marqueur très sensible de l’inflammation, manque de spécificité, aussi les médecins du service des urgences à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris ont évalué pour la première fois l’intérêt de la procalcitonine (PCT) dans ce contexte particulier.

L’étude prospective de P. Hausfater et coll. a porté sur 195 patients admis au service d’accueil des urgences, dont 68 ont ensuite présenté une infection systémique. Parmi ceux-ci, 24 avaient un taux de procalcitonine sérique supérieur à 0,5 ng/ml, contre une seule personne dans l’autre groupe dépourvu d’infection systémique, atteinte d’une appendicite aiguë ulcérative. De plus, les quatre patients décédés des suites de l’infection systémique avaient présenté à leur admission un taux de PCT supérieur à 1 ng/ml et compris entre 1,47 et 42,2 ng/ml.

Si la spécificité était excellente (99%), la sensibilité de ce nouveau marqueur était en revanche seulement de 35%, et même de 14% chez les patients ayant reçus une antibiothérapie avant leur arrivée au service d’accueil des urgences.

Après analyse multivariée, seul le taux de PCT est resté associé à la présence d’une infection systémique bactérienne, contrairement à d’autres paramètres tels qu’une pression systolique basse (< 90 mmHg), une tachycardie, de la fièvre, une numération leucocytaire anormale (< 4.000 ou > 12.000 cellules/mm3), la concentration d’hémoglobine, les taux de plaquettes, de CRP ou de créatinine.

Les auteurs précisent qu’en abaissant le seuil de concentration sérique de la PCT à 0,2 ng/ml, ils obtiennent encore une bonne spécificité (88%) et une sensibilité nettement accrue (62%) pour la détection des infections systémiques non virales, ce qui pourrait justifier l’utilisation du dosage de la PCT dans le cadre des services d’accueil en urgence

Posté le 12/02/2007 par latrache

Le diméthylarginine asymétrique (ADMA), nouveau marqueur du risque de MCV

La production physiologique d’oxyde nitrique (NO), un composé volatile ayant des effets bénéfiques sur le système cardiovasculaire, peut être bloquée pharmacologiquement par des dérivés méthylés de l’arginine comme le NG-monométhyl-L-arginine (L-NMMA) ou le diméthyl arginine asymétrique (ADMA). Ces deux produits, capables d’inhiber la NO synthase par compétition avec l’arginine, sont également présents de façon endogène dans le plasma et l’urine.

Deux études prospectives indépendantes publiées dans la revue The Lancet montrent que l’ADMA pourrrait servir de marqueur de risque pour la maladie coronaire.
V-P Valkonen et coll. ont établi que dans une population de 70 hommes adultes, non-fumeurs et déjà victimes d’accidents coronaires, ceux ayant les taux d’ADMA sériques les plus élevés étaient quatre fois plus à risque de maladie coronaire aiguë. Après cinq ans de suivi des patients, ce marqueur sérique est apparu comme étant le facteur de risque le plus important, devançant l’hypertension, le diabète, une susceptibilité familiale à la maladie coronaire et une concentration élevée de cholestérol-LDL. En revanche, les taux d’ADMA n’étaient pas significativement augmentés chez 80 hommes sans antécédents cardiaques.

La seconde étude, de C. Zoccali et coll., a porté sur 225 patients hémodialysés trois fois par semaine et suivis sur une période moyenne de 33 mois. Les 81 personnes ayant eu des complications vasculaires présentaient des taux d’ADMA mesurés par HPLC significativement plus élevés que les personnes n’ayant pas présenté de telles complications (médiane à 3,21 µM contre 2,21 µM). Dans cette étude, un taux élevé d’ADMA plasmatique était le second facteur prédictif de risque de décès et d’événements cardiovasculaires après l’âge. Au vu de ces résultats, les auteurs suggèrent que la supplémentation en L-arginine pourrait contrer l’inhibition de la NO synthase médiée par l’ADMA, et donc avoir un effet favorable sur l’évolution clinique de la maladie coronaire.

Dans un éditorial de la revue, le Dr Patrick Vallance, à l’origine de la découverte de l’ADMA, souligne que ce produit est normalement éliminé de l’organisme par une enzyme rénale, la DDAH (diméthyl arginine diméthylaminohydrolase), dont la déficience chez certains patients pourrait expliquer les taux élevés d’ADMA et la susceptibilité plus forte à la maladie coronaire. Cette hypothèse, et la valeur prédictive du taux d’ADMA pour d’autres maladies cardiovasculaires, méritent désormais d’être testées ajoute aussi l’expert.

 

Posté le 12/02/2007 par latrache

Les bactéries Gram- détectées directement sur les plaies

Une identification immédiate des bactéries Gram négatives a été mise au point par des scientifiques américains, grâce à un biocapteur de moins d’un millimètre réagissant au contact du lipide A spécifique de ces bactéries. Les chercheurs, de l’université de Rochester dans l’Etat de New-York, espèrent perfectionner à l’avenir leur dispositif pour le rendre capable de détecter différentes souches de bactéries pathogènes selon un communiqué de la BBC.

Posté le 12/02/2007 par latrache Source : site de la BBC, le 5 novembre 2001

Un anticorps monoclonal pour le traitement de la leucémie lymphoïde chronique

Parmi les nouveaux anticorps monoclonaux,le Rituximab est un anticorps chimérique qui se lie à ‘antigène de surface CD20 spécifique des lymphocytes B. De récentes études ont montré son efficacité dans le traitement des lymphomes folliculaires non hodgkin.

Dr. F.Boutboul,
Médecin Biologiste